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mardi 12 mai 2015

Attentats de Paris : l'énigme de Charleroi. L'enquête continue !



Amedy Coulibaly s'était procuré des armes de guerre pour mener son attaque contre l'Hyper Cacher mais le mystère demeure sur les moyens par lesquels il se serait procuré ces armes en Belgique, à Charleroi. Peu après l'attaque contre l'Hyper Cacher, c'est un certain Neetin Karasular, un sympathisant du PKK connu pour ses liens avec le banditisme, qui s'est présenté à la police belge en expliquant avoir été en contact avec Amedy Coulibaly. Dans la foulée, l'homme a été inculpé pour trafic d'armes. Des armes qui auraient fini entre les mains d'Amedy Coulibaly.Seulement voilà, le Carolo (NDLR: habitant de Charleroi) en question qui niait déjà les faits devant le tribunal de Charleroi le 19 janvier 2015, serait bel et bien innocent. La piste à suivre s'orienterait désormais vers un trafic aux ramifications étonnantes puisqu'elles mettent en cause plusieurs services de sécurité français.

Au centre de ce réseau, un certain Claude Hermant, un ancien du DPS (le service d'ordre du Front National), service qu'il avait accusé il y a 13 ans de l'avoir missionné de semer le désordre dans la cité de Beauval à Meaux, ville contrôlée par Jean-François Copé depuis 1995. L'émission Pièces à convictions avait à l'époque consacré un sujet aux manipulations orchestrées par Hermant dans la cité meldoise. Des opérations pour lesquelles il avait pris soin d'infiltrer le quotidien des habitants. Face à ces accusations, l'ex chef du DPS Bernard Courcelles, également connu pour ses barbouzeries en Afrique, avait nié toute responsabilité. Mais il n'en demeure pas moins que Claude Hermant donnait aux réalisateurs de l'émission de nombreux détails sur ses missions de déstabilisation des cités françaises, de même qu'il obtenait facilement des faux documents et des armes en communiquant via une technique très rodée avec un réseau fonctionnant comme un véritable service de renseignement. Au vu des méthodes adoptées par Hermant pour semer le désordre à Meaux à la fin des années 90, il y a de quoi s'inquiéter qu'un tel homme ait pu fournir des armes à Amedy Coulibaly tout en étant un indic de la gendarmerie lilloise.


D'après la Voix du Nord, ce proche des milieux identitaires lillois aurait échangé plusieurs courriels avec les services de la gendarmerie qui lui auraient donné pour mission d'infiltrer le réseau de trafiquants d'armes de Charleroi. Or ces armes, après être passées dans les mains d'Hermant auraient in fine bien atterri entre celles d'Amedy Coulibaly et auraient servi pour l'attaque de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.

Incarcéré depuis la fin du mois de janvier 2015, Claude Hermant n'a pour le moment pas eu l'occasion de donner publiquement sa version des faits. Néanmoins, on s'interroge sur la nature de l'opération montée par la gendarmerie pour infiltrer le réseau. De même, on s'interroge sur l'étrange relation entre Hermant et la DNRED (Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières) dont un douanier de l'antenne lilloise a été inculpé le 30 avril 2015 pour "acquisition et détention" d'armes de guerre par l'intermédiaire d'Hermant. S'agit-il des armes qu'Amedy Coulibaly avait en sa possession dans l'Hyper Cacher ? Encore un nouveau mystère qui s'ajoute à l'étrange comportement de la DNRED, cette dernière ayant déjà été épinglée par les journalistes du Point dans l'affaire du trafic de fausse Nike de Saïd Kouachi.

Mais revenons-en à l'énigme de Charleroi dans laquelle la Gendarmerie ne semble pas avoir eu un seul indic en la personne d'Hermant mais également un second en la personne d'Amar Ramdani, le compagnon de la gendarme convertie à l'Islam et mise à pied dans un premier temps pour sa relation amoureuse avec ce complice présumé d'Amedy Coulibaly. Nous avons déjà détaillé les raisons pour lesquelles Amar ne pouvait avoir échappé aux services de police français pour la seule raison de son idylle avec Emmanuelle la gendarme. En effet, au regard du lourd dossier qui lui pendait au nez, à savoir un mandat d'arrêt européen délivré par la Cour de Justice de Malaga en 2013, il est difficile de comprendre l'inaction des services de police à son égard. Quant à sa proximité avec Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi, elle n'arrange en rien le silence des autorités sur ce dossier épineux qui semble dissimuler une vérité inavouable.

Emmanuelle avait indiqué à l'équipe de l'émission Sept à Huit qu'il "a été décidé de faire tomber des têtes" avant que TF1 ne supprime la vidéo de son site internet. Le douanier lillois de la DNRED faisait-il alors partie des têtes à faire tomber ? Emmanuelle a en tout cas elle aussi fait les frais de cette étrange affaire et a d'ailleurs été placée en garde à vue pour un motif qui a de quoi intriguer puisque les journalistes de TF1 ont indiqué :

"Depuis le tournage de cet entretien par les équipes de 7 à 8, les enquêteurs auraient intercepté une lettre qu'Emmanuelle aurait tenté de faire passer à son ami où elle évoque la ville de Charleroi en Belgique."


Quel secret Amar et Emmanuelle partagent-ils autour de l'épisode de Charleroi ? Mais surtout, quelle information une gendarme officiellement chargée de la formation des agents de renseignement de la Gendarmerie pourrait-elle partager avec un complice d'Amedy Coulibaly ? Cette information a t-elle un lien avec Claude Hermant, l'indic de la gendarmerie lilloise qui avait reçu un courriel d'un gendarme en novembre 2014 lui indiquant  « Salut Claude, nous avons vu avec notre hiérarchie… Nous sommes partant(s) pour les deux dossiers que tu nous as présentés (armes-Charleroi…) » ?  Ce qui est certain est que depuis l'arrestation d'Emmanuelle, les services de l’État n'ont pas souhaité communiquer sur la correspondance entre Emmanuelle et Amar.

Charleroi est donc au cœur de l'un des volets les plus mystérieux des attentats de Paris, à savoir l'attaque de l'Hyper Cacher. Un épisode dans lequel les services de la gendarmerie et de la DNRED ont manifestement des choses à dissimuler aux français. Un raté ? Un "couac" comme l'affirment les journalistes belges de La Meuse ? Ces derniers semblent être bien au courant de l'affaire et annoncent que l'intermédiaire entre Coulibaly et Hermant, courrait toujours aujourd'hui !



Julien Teil